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et nous frapperons ! » Alors Hébert se lâcha, et contre les Jacobins qui lui refusaient la parole, et contre un homme égaré sans doute (Robespierre) qui, disait faussement Hébert, avait fait rentrer Desmoulins aux Jacobins.

Dans ce crescendo de gens échauffés, comme on parlait de créer un journal, le grand spectre noir, Carrier se lève, et d’une voix creuse : « Un journal ! dans un tel moment !… Ce qu’il faut, c’est l’insurrection ! »

Parole très imprudente, qui fut appuyée d’Hébert.

Le moment n’était pas venu. Une seule section peut-être se serait levée, celle qui se leva en Thermidor contre Robespierre, celle qui pleurait Jacques Roux, celle qui avait été remuée à fond par les prédications de Chaumette et de Léonard Bourdon, le ventre profond, agité, du Paris industriel, la section des Gravilliers (Filles-Dieu, Saint-Denis, Saint-Martin).

Il eût fallu avoir Chaumette. Mais eux-mêmes l’avaient tué. Ils n’allèrent à lui qu’à la fin, quand leur affaire eut avorté. Ils en furent reçus froidement ; la Commune ne fit rien pour eux.

Au Comité du salut public, Collot d’Herbois, quoique lié avec eux, ne pouvait les soutenir. Son intérêt n’était pas d’attaquer les dantonistes. Au contraire, d’unir étroitement contre Robespierre, hébertistes et dantonistes, les représentants de toute nuance qui revenaient de mission. Leur ami, Collot, le 6 mars, fut parfaitement d’accord avec leur ennemi Tallien pour blâmer l’insurrection.