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des suspects fût confisqué, comme celui des émigrés ; autrement dit, que ceux qu’on soupçonnait seulement fussent assimilés aux coupables convaincus.

Ce discours avait une portée immense ; il déconcertait l’opinion. Il montrait Robespierre sur un terrain nouveau, étranger à ses doctrines, peu éloigné des lois agraires. Mais ceux mêmes qui les voulaient auraient trouvé qu’il y passait par une très mauvaise porte, remettant en réalité le gouvernement de la chose, non pas au pouvoir central qui ferait espérer quelque impartialité, mais à la tyrannie locale, puisque la confiscation ne serait prononcée en réalité que sur les notes transmises par ces petits comités de sections, villes ou villages.

Ces agents ne pouvaient-ils être infidèles, ennemis de la République ? On s’en aperçut en avril, où l’on vit que les comités de villages se composaient justement des agents des émigrés, de leurs procureurs, de leurs intendants. On les supprima d’un coup. Il n’y eut plus de comités que dans les villes de districts.

L’avantage du décret pour Robespierre, c’était d’annuler logiquement et les dantonistes et les hébertistes, d’ôter à ceux-ci l’avant-garde et de marcher devant eux.

Pour obtenir ce résultat, Robespierre avait payé cher et s’était préparé peut-être des embarras d’avenir. Il avait dressé bien haut le piédestal de Saint-Just. Cette hautaine raideur n’était plus celle du Jacobin seulement, mais du militaire. Saint-Just répondait