Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 7.djvu/139

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Cet audacieux numéro regarde au visage et décrit ceux que personne n’osait plus regarder en face, les redoutables membres du Comité de sûreté générale. Il établit parfaitement qu’on n’y a mis que d’anciens Feuillants, des Girondins convertis. David et sa joue, sa fureur, son écume, Camille a tout mis, au risque d’éclabousser Robespierre. Mais il l’est bien plus par ce mot : « Que Fabre a été arrêté, parce qu’il avait des pièces contre Héron. » Héron, l’engin mystérieux du pouvoir, Héron, qui en toute autre chose grave ne faisait rien sans prendre le mot du maître.

« La Convention a rendu contre elle-même ce vrai décret de suicide qui la réduirait bientôt à la condition servile d’un parlement qu’on embastille pour refus d’enregistrement. Le Comité de salut public, qui donne toutes les places, gouvernait par l’espérance ; et voilà qu’il a la Terreur. »

Dans un passage décisif, l’attaque est directe contre Robespierre : « Il fit preuve d’un grand caractère, quand, dans un moment de défaveur, il se cramponna à la tribune… Mais toi, tu fus un esclave, et lui est un despote, le jour que tu souffris qu’il te coupât si brusquement la parole dès ton premier mot.)>

Une certaine comparaison d’Octave et d’Antoine semble une allusion cruelle à Robespierre et Danton, au 19 juin, au 10 août, au 5 septembre. « Le lâche Octave, qui s’était caché, vainqueur par le courage d’Antoine, insultait le corps de Brutus », etc.