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ville), par Dubois-Crancé et autres, se fût aisément arrangé avec Gollot, Carrier, Hébert.

La difficulté réelle était Camille Desmoulins. Il avait, dans son n° 4, rendue la conciliation impossible avec Hébert ; celui-ci portait au sein la flèche mortelle ; il allait, mais comme un mort. Ronsin de même était percé, de même irréconciliable ; et qui dit Ronsin dit Collot d’Herbois ; pour Lyon, c’était même chose.

Entre tous les politiques qui se seraient arrangés, Camille seul embarrassait. Entre tant d’hommes fatigués, lui seul, constamment éloigné de la tribune, s’était conservé entier. Avec son libre génie d’inspiration naïve et soudaine, il était l’homme du monde qui pouvait le moins composer.

Voltairien, matérialiste, tout ce qu’on voudra, le grand écrivain n’en fut pas moins celui qui démontra, à son péril, la souveraine indépendance de l’âme.

L’austère et spiritualiste chef des Jacobins, par deux fois (septembre et janvier), composa avec Hébert… Et ce fut, dans le mondain, le bouffon, le léger Camille qu’apparut, contre l’alliance monstrueuse et dégradante, la résistance intrépide de la morale publique.

Un instinct confus, très fort, semblait dire aussi à l’artiste que son immense puissance de juillet 1789 allait lui revenir entière. La presse est la reine des reines, au début et à la fin des révolutions. La tribune finissait ; sauf quelques mots éloquents, superbes, hautains de Saint-Just, quelques belles