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À Lyon, par exemple :

Il avait laissé par Couthon un tel souvenir de modération que les amis de la clémence se crurent sous son patronage quand ils hasardèrent contre Collot, en décembre, la pétition écrite par le royaliste Fontanes.

En mars, il fit rappeler, comme exagéré, Javogues, ami de Gollot, de Fouché.

Fouché avait décrété la suppression de la misère et frappé des contributions énormes sur les riches pour nourrir les pauvres. Les riches espéraient que Robespierre, les délivrerait de Fouché. Mais, d’autre part, les exagérés, voulant exécuter à la lettre le fameux décret : Lyon n’est plus, et menaçant la propriété, Fouché les réprima vigoureusement. Les exagérés implorèrent l’appui de Robespierre qui parla pour eux.

Tous à Lyon[1], vaincus et vainqueurs, s’adres-

  1. La jalousie des Lyonnais contre les Parisiens venus à Lyon favorisait singulièrement l’ascendant croissant des robespierristes dans cette ville. Le maire Bertrand, ami de Chalier, mais rallie à Couthon, travaillait à réunir pour Couthon et Robespierre les Lyonnais de tout parti, modérés et exagérés, de manière à chasser Fouché, Marino, membre de la Commune de Paris, et autres Parisiens. Les robespierristes avaient influence dans le tribunal, comme à la municipalité, et y balançaient les hébertistes. C’est ce qui explique ce fait singulier.

    On amène un prêtre au tribunal. « Crois-tu en Dieu ? » S’il disait oui, les hébertistes peut-être le frappaient comme fanatique. Il dit : « Qu’il y croyait peu. — Meurs donc, dirent les robespierristes, meurs, infâme, et va le reconnaître. »

    Ils demandent à un autre prêtre : « Que penses-tu de Jésus ? — Je soupçonne qu’il pourrait bien avoir trompé les hommes. — Quoi, Jésus ! le meilleur sans-culotte de la Vendée !… Scélérat, cours au supplice ! » L’abbé Guillon, généralement favorable aux robespierristes, n’enregistre pas moins, par ce fait, une preuve frappante de leur étrange intolérance.