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pierre que cette circonstance : les principaux auteurs de sa chute furent les deux pires hommes de France, Tallien et Fouché.

Ils ne l’auraient pas renversé, s’il n’eût impolitiquement étendu ses accusations, terrifié tout à la fois les honnêtes gens et les fripons, et la Convention tout entière. Devant un tel moraliste, un tel juge, un tel épurateur (qui voulait flétrir Cambon même !), qui était en sûreté ?

Il y avait en lui un contraste. Il était né avec l’amour du bien. Il posait sans cesse, en ses discours, l’idéal de l’équilibre. Et sa violence intérieure (celle aussi de la tempête révolutionnaire) le jetait à tout moment à droite et à gauche. Il imposait à tous un milieu impossible qu’il ne put jamais garder.

Tout cela ne se sent que trop dans le sinistre discours qu’il fit sur cette thèse le 5 février. Ce discours, fort général ( « La démocratie, c’est la vertu », etc.), n’en était pas moins une menace contre tous les représentants qui avaient rempli les missions de 1793.

Et ce n’étaient pas seulement les sauvages exécuteurs des vengeances nationales, les Gollot et les Carrier, qui avaient à craindre. C’étaient tous ceux qui, dans ces circonstances inouïes, avaient été dictateurs malgré eux.

Non content de les désigner, il en nommait un bon nombre dans un essai de rapport sur Fabre qu’il montra au Comité de salut public. Il parlait