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Et d’abord il alla au Morbihan examiner avec Tréhouard ce qu’on pouvait faire et s’informer exactement des prises qu’on pouvait avoir sur Carrier. La société populaire lui en voulait pour l’avoir fermée. Le comité révolutionnaire lui en voulait, parce qu’il savait que Carrier songeait à le remplacer par des hommes plus militaires, comme Sullivan et Foucauld, ou plus frénétiques, Lamberty, Fouquet et Robin.

L’attaque fut commencée par un brave homme du peuple, un potier d’étain, Champenois, de la société Vincent. La ville souffrait horriblement, pendant que Carrier était ivre, le général Turreau malade. Champenois crut avoir trouvé un moyen de saisir Charette ; il courut chez Carrier ; porte close. Champenois, en vrai sans-culotte, dit le soir à la société : « Si Carrier ne vient plus nous voir, il n’est plus des nôtres ; il faut le rayer. »

Comment dire l’étonnement, la fureur du roi de Nantes ? Il se fait amener Champenois, crie, menace. L’autre ne branle, loin de là, demande hardiment le nom de ceux qui l’ont dénoncé. Carrier sentit que cet homme était appuyé fortement et devint très doux.

Jullien effectivement était à Nantes (1er février) ; Carrier le fit venir, tira son grand sabre, et autres comédies ridicules. Le blondin de dix-neuf ans, fort de Robespierre, lui dit (en se mettant toutefois à l’autre bout de la chambre) : « Qu’il pouvait le faire tuer, mais qu’avant huit jours il irait à la guillotine ». Cela du ton didactique, qu’eut toujours, comme