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reur de recommencer. Carrier parut goûter l’idée, et la chose était obtenue quand Kléber vit dans les rues l’affiche du comité pour faire rentrer les enfants en prison. Savary revient chez Carrier. « J’entre, dit-il, dans sa chambre. Il était encore au lit. Il paraît effrayé au bruit de la porte : « Qui t’amène si matin ? — « A-t-on juré de faire tout périr « dans la Vendée, jusqu’aux enfants au berceau ? » Cette question l’étonné ; je lui parle de l’ordre du comité ; c’était une énigme pour lui. Il entre en fureur, jure, tempête, saute de son lit, sonne : un gendarme se présente : « Qu’on aille sur-le-champ, « dit-il, chercher les membres du comité ; qu’on me « les amène. Pour toi, ajouta-t-il en me serrant « la main, reste ici pour être témoin de la réception que je vais leur faire… » Le comité arrivé, le président en tête ; on l’annonce. Carrier entre de nouveau en fureur, court à son sabre, en menace le président ; je le retiens. « Que signifie, clit-il en « jurant, cet avis du comité concernant les enfants « vendéens, et qui t’a autorisé à le faire afficher ? « Vous mériteriez tous qu’on vous fit passer à la « guillotine… — Citoyen représentant, répondit en a balbutiant le président, le comité a pensé qu’il « ne faisait que prévenir tes intentions : il n’a pas « cru te déplaire… » Nouvel accès de fureur de Carrier… « Si, dans cinq minutes, dit-il en menace çant, le comité n’a pas fait afficher un avis qui ce détruise celui-ci, je vous fais tous guillotiner… » Carrier m’a semblé un grand enfant qui aurait eu