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de la mer (mais non maritime, non salin et fortifiant), y souffle toute l’année. Qu’il vienne du midi, du grand maris vendéen, même du nord en rasant les marais de l’Erdre, il est admirable pour les végétaux, médiocrement sain pour l’homme. Toute décomposition s’y fait rapidement au profit de la vie végétale. Hâve sur l’Erdre, ailleurs blafarde et bouffie, cette population élève les plus beaux légumes du monde, les arbres même du Midi, les lauriers, les magnolias ; elle-même, elle végète mal, se flétrit vite ; jeune à peine, elle incline sans transition vers le penchant de la vie.

Un séjour de François Ier et de sa galante cour eut, dit-on, tel effet à Nantes qu’on dut fonder l’hospice du Sanitat. Si riche au dix-huitième siècle et devenue tout à coup une des belles villes du monde, elle soignait peu ses hôpitaux. Son Hôtel-Dieu, sur cent soixante lits de fiévreux, en perdait seize cents par année. (Voy. Laënnec et Leborgne.) La charité n’y manque pas. Mais le fatal commerce de la traite, commerce de paresseux, sans combinaisons, facile, et qui a tué même l’esprit d’entreprise, entraîne avec lui une extrême incurie de toutes choses, surtout de la vie humaine.

Cette ville est marquée de ce signe. Des quartiers entiers (l’île Feydeau, par exemple, chargée de palais) semblent frappés de la main de Dieu, comme ces villes de l’Ancien-Testament. Et en même temps les hauteurs, occupées de plus en plus par les longs murs des couvents, par des rues où l’on ne