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magistrat. L’adresse de la Commune, récrimination furieuse, demandait la mort pour les calomniateurs de Paris, pour ceux qui avaient dénoncé la proposition de massacre faite à la mairie.

Un frémissement d’indignation parcourut toute l’Assemblée.

Isnard ne se possédait plus. De son siège de président, il laissa tomber un mot déplorable, de ces mots qui lancent les révolutions.

« Vous aurez prompte justice, dit-il aux orateurs de la Commune. Mais écoutez les vérités que je vais vous dire. La France a mis dans Paris le dépôt de la représentation nationale. Il faut que Paris le respecte. Si jamais la Convention était avilie, je vous le déclare, au nom de la France entière… » Et là il leva la main et suspendit l’anathème…

« Non ! Non ! » cria la gauche.

Mais toute l’Assemblée se lève : « Oui, oui, au nom de la France !… »

Isnard alors continua : « Paris serait anéanti !… »

Marat : « Lâche, trembleur, descendez du fauteuil… Vous voulez sauver les hommes d’État. »

Isnard, d’une voix lugubre : « On chercherait sur les rives de la Seine si Paris a existé… »

À ce blasphème, plusieurs rugissent d’indignation, et plusieurs de joie, voyant la prise terrible que venait de donner sur lui le malencontreux président. Danton s’élance à la tribune, et, sans abuser contre Isnard de son avantage (il le voyait soutenu de la grande majorité), il défendit Paris avec infini-