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sion, il introduisit lui-même (comme en parenthèse) une bien autre demande, l’emprunt forcé de un milliard à lever immédiatement sur les égoïstes et les indifférents (impôt remboursable en biens d’émigrés). Il emporta la chose de haute lutte, et ce fut seulement après (le 23) qu’il annonça le complot d’enlèvement. L’Assemblée l’écouta assez froidement. Elle fit plus d’attention aux harangues des sections qui dénoncèrent les propositions de massacre faites dans les assemblées de la mairie le dimanche et le lundi. La Commune eut peur ; elle désavoua ce qui s’était dit le dimanche. Sur la proposition de Chaumette, elle arrêta qu’on inviterait les dénonciateurs à venir lui donner des renseignements « pour quelle pût découvrir les traîtres, et dès le soir même, les livrer aux tribunaux ».

À toutes ces révélations, l’Assemblée ne remuait pas. Elle se faisait lire les lettres rassurantes du maire et dormait à ce doux bruit. Le 19, le 24, le 27 même, quand la Convention était assiégée, Pache écrivait : « Il n’y aura rien… Il n’y a pas de complot… L’habitude fâcheuse, répandue dans les sections, de parler à tout propos de carnage n’a point d’effet jusqu’ici au delà du langage et de l’imagination. Le cœur est encore humain et sensible. »

La Convention avait mis deux jours pour nommer les Douze. Et, les Douze mirent trois jours à faire leur rapport, rapport tout à fait ridicule. Vigée, qui