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Le haut commerce restait maître ; il était toujours girondin, républicain, et néanmoins entravait les mesures révolutionnaires. Les Commissaires de la Convention, Boisset et Moïse Bayle, essayèrent de dissoudre ce gouvernement marseillais, qui, sans s’étonner, leur signifia de sortir dans les vingt-quatre heures. La Convention ne soutint pas ses commissaires et suspendit leurs arrêtés (12 mai).

Elle porta une décision plus imprudente encore dans les affaires de Lyon. Du sort de cette ville dépendait celui de vingt départements qui avaient les yeux sur elle et devaient la suivre, quoi qu’elle fît. Le salut de la France était lié étroitement à celui de Lyon. Si près de la frontière, elle était le point de départ des opérations de l’armée des Alpes, son magasin, son entrepôt. Qu’adviendrait-il de cette armée, déjà très faible, si elle avait au dos Lyon même pour ennemi ? Nulle part la Révolution n’avait besoin d’être plus forte, et elle y faiblissait. Des Girondins aux royalistes, la nuance s’effaçait peu à peu. Il y parut au 29 mai, où des officiers royalistes furent tués dans les rangs girondins. Les révolutionnaires, pour contenir tant d’ennemis et lever la réquisition, n’avaient que la terreur. Ils firent un acte hardi, hautement approuvé des représentants du peuple qui allaient à l’armée des Alpes ; ils créèrent un tribunal, arrêtèrent les suspects. La chose est dénoncée le 15 mai à la Convention ; le Girondin Chasset obtint d’elle ce décret : « Ceux que l’on voudrait arrêter ont le droit de repousser la force par