Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 5.djvu/487

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Gascon entre autres, chirurgien-dentiste, l’âpre et le rusé Souberbielle, qui a vécu jusqu’à nous et n’a pas peu contribué à défigurer l’histoire par ses récits intéressés. Il y a trois ou quatre peintres, autant d’artistes (comédiens). Nombre de menuisiers et de charpentiers, métier aimé de Robespierre, sans doute en l’honneur de l’Émile. Ce ne sont pas des compagnons, mais visiblement, comme Duplay, des maîtres ou entrepreneurs.

Le premier condamné à mort fut un émigré rentré ; jugé le matin, il fut exécuté le soir aux flambeaux. Il avouait. La sentence n’étonna personne. Ce qui commença à surprendre, ce fut de voir le tribunal frapper de mort des gens du peuple pour de simples propos, des bavardages royalistes : l’un d’eux en état d’ivresse, l’autre, une femme, une cuisinière, qui avait, dans un café, déblatéré contre la Révolution et la République. Cet emportement de femme fut considéré comme appel à la révolte. Il devint visible que le tribunal, par cette sévérité terrible, voulait décidément faire taire la population de Paris, opposer aux divisions de la France l’apparente unanimité de la capitale, une au moins dans le silence.

Les jurés votant à haute voix, plusieurs faisaient devant le public une apologie de leurs votes, protestaient qu’ils n’avaient accepté leur odieuse mission que pour le salut de la patrie.

Ce qui porterait à croire au patriotisme fanatique, mais très réel et parfois impartial de ces hommes, c’est que, s’ils ont absous Marat qu’ils aimaient, ils