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traîtres. C’était, en réalité, un appel aux armes contre la Convention, un appel au bras du peuple. Il indiquait un revirement subit dans la politique des Jacobins ; un progrès singulier dans la violence. Toutefois était-ce un simple projet ou un acte sérieux qu’on dût répandre, envoyer aux sociétés affiliées ? C’est ce que nous ignorons.

La Convention, le 1er  avril, avait abdiqué, en principe, son inviolabilité. Le 4, elle l’avait, en pratique, foulée aux pieds et détruite, en ordonnant l’arrestation de Philippe-Égalité. Marat fut le second de ses membres en qui elle se frappa elle-même.

Le 13 au soir, l’appel de Marat, des Jacobins, à la guerre civile, fut avoué, revendiqué de la Montagne furieuse, avec un aveugle emportement. Les séances du soir offraient souvent de telles scènes. De l’escrime des discours on n’était pas loin de passer aux armes, au plus honteux pugilat. On avait vu, deux jours avant, ce spectacle impie, un Montagnard, un Girondin se menaçant l’un l’autre de l’épée et du pistolet.

« Eh bien, leur dit Gensonné, en réponse à votre appel au peuple, nous aussi, nous nous adressons à lui. Que l’on convoque les assemblées primaires ! »

Un mot déplorable échappa alors à Camille Desmoulins : « Voyez ! dit-il : ils voient leur vaisseau submergé et mettent le feu à la sainte-barbe, parce qu’ils vont périr ! »

De telles prophéties sont très propres à amener l’événement. Celle-ci fut saluée par les hurlements