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monstrueuse, et il avait apporté, pour l’appuyer, tout un volume. Danton devança Robespierre, et, déguisant sa lâcheté sous une apparence d’audace, demanda pour l’œuvre sanglante une mention honorable (10 avril).

On lira, si l’on veut, au Moniteur la prolixe diatribe de Robespierre. Elle est telle que ses partisans les plus aveugles n’ont pas eu le cœur de la rapporter. On se demande en la lisant : Comment la haine peut-elle déformer le cœur à ce point, fausser tellement l’esprit ? Fut-il vraiment assez haineux pour croire tout cela ? pour faire accepter de sa conscience tant d’absurdités palpables ? On ne sait vraiment qu’en penser.

Il accuse spécialement la Gironde de ce qui la glorifie à jamais. Premièrement d’avoir voulu la guerre, c’est-à-dire d’avoir pensé ce que pensait la France, qu’elle devait étendre au monde le bienfait de la Révolution. Deuxièmement, de n’avoir pas voulu les massacres de septembre, les pillages de février. Il appelle ces massacres « la justice révolutionnaire ».

Ce qui n’étonne pas moins que cette absence de cœur, c’est l’ignorance absolue des réalités. Il va accusant au hasard et comme à tâtons, saisissant dans l’obscurité un homme quelconque ; il empoigne, par exemple, Miranda pour Dumouriez, les confond, accuse ensemble le calomniateur et la victime. Il met sur la même ligne l’infortuné Miranda avec celui qui le fît presque écraser à Neerwinde, et qui,