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l’esprit de dispute, moins la Gironde, moins les Jacobins.

Cambon, maître à la trésorerie, dans la seule administration qu’on eût soustraite à l’action du Comité de salut public, partageait en outre la toute-puissance de ce Comité. Cette double part au pouvoir indiquait que, plus qu’aucun autre, il était l’homme de l’Assemblée. De la gauche où il siégeait, il agissait sur le centre (à peu près comme Barère), sans hostilité pour la droite ; par quoi il représentait l’unité de la Convention, et non pas une unité molle et flottante, mais très énergique.

Le caractère remarquable du Comité de salut public, c’est que, bien que plusieurs membres fussent Jacobins de titre et de nom, l’esprit jacobin y était à peine représenté. Les amis de Robespierre en étaient exclus. Un seul y entra, et encore par la démission de Jean Debry, un vrai Jacobin, Lindet.

La Convention, dans sa composition du Comité dictateur, ne s’était montrée nullement girondine, mais contraire aux Jacobins.

Elle avait paru saisie d’un mot éloquent de Barère, qui voulant la rassurer sur la dictature proposée, lui dit : « On craint la dictature… mais nous en subissons une, la dictature de la calomnie. »

Les Jacobins, percés de cette flèche pénétrante, avaient été mis à l’écart. Et pourtant, en bonne foi, pouvait-on se passer d’eux ? Contre tant d’ennemis coalisés la Révolution ne devait-elle pas employer la coalition jacobine ?