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Cela rendit courage à tous. Plusieurs sections se déclarèrent ; le corps électoral somma la Commune de désavouer le comité insurrectionnel. Barère demanda à la Convention qu’il fût amené à la barre. La Commune elle-même y vint renier, accuser, par la voix de Chaumette, les anarchistes auxquels elle avait tout cédé la veille.

Dans la même séance (3 avril), tout change, la foudre tombe… Dumouriez a arrêté les commissaires que lui avait envoyés la Convention. La chose est constatée, avouée par lui-même dans une lettre aux administrateurs du département du Nord. Et il voulait en effet les gagner, s’emparer de Lille.

Tout semblait perdu. Que faire, si l’armée suivait Dumouriez au crime comme à la victoire, si elle avait pu mettre la main sur les représentants du peuple ? On le croyait, et en cela on faisait tort à l’armée. Divisée en corps isolés, elle ignorait généralement le crime du général. Pour l’arrestation des représentants, il avait suffi de quelques hussards.

Lille heureusement était en sûreté, sur ses gardes et en défense. Trois émissaires du ministre Lebrun, envoyés par lui pour connaître les intentions de Dumouriez, avaient averti au retour toutes les autorités de la frontière. Ces émissaires étaient des Jacobins connus, le premier surtout, Proly, ami de Dumouriez, fils naturel du prince de Kaunitz. Ils le virent deux ou trois fois à Tournai, chez le jeune Égalité, ou, pour parler exactement, chez Mme  de Genlis. Il n’était pas difficile de le faire parler. Il