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Un Girondin ajouta qu’au comité de défense, Fabre, l’ami de Danton, avait dit qu’on ne pouvait sauver la France qu’en faisant un roi…

« Scélérats, s’écrie Danton, vous avez défendu le roi, et vous nous imputez vos crimes ! »

« Au nom du salut public, dit Delmas, n’allons pas plus loin. L’explication qu’on provoque peut perdre la République. Il faut attendre l’enquête. » Toute la Convention vota le silence. Danton semblait protégé, épargné ; il était perdu…

Il s’élance à la tribune, obtient de parler. Et tout d’abord, répondant à l’attaque qu’on n’avait pas faite, il adjura Cambon de témoigner de l’emploi des cent mille écus qu’on lui avait confiés dans ses missions de Belgique. Cambon témoigna que cet argent avait été strictement nécessaire et couvrit Danton de sa probité.

Celui-ci, fortifié, reprit l’ascendant. Il reprocha à Lasource (qui, comme membre du comité, savait parfaitement les choses) de n’avoir pas dit qu’en offrant d’aller trouver Dumouriez, lui Danton, il aurait voulu que Guadet et Gensonné y fussent envoyés aussi. Il montra que le système de Dumouriez était opposé au sien, Dumouriez voulant l’indépendance de la Belgique et Danton ayant demandé qu’elle fût réunie à la France. Quant à la conduite à tenir avec Dumouriez, il insista habilement sur l’accord parfait de son rapport avec celui de Camus, dont la probité janséniste était connue et respectée.

Couvert de deux honnêtes gens, Camus et Cam-