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eussent accepté, les yeux fermés, un compromis quel qu’il fût. Le prétendant eût montré les deux faces de Janus : un roi à droite, mais à gauche un roi de sang régicide.

Il fut arrivé, ce jeune homme, au nom de l’humanité, au nom de l’ordre et des lois. « Assez de sang ! » eût-il dit. Mot magique, mot infaillible, qu’on lui eût payé en bénédictions. À chaque âge de la Révolution, quelqu’un essaya de le dire. Qui l’aurait dit, sans en mourir, était bien sûr de régner. Danton l’essaya, périt. Robespierre y pensait sans doute avant le 9 thermidor ; la chance qu’il attendait pour être maître absolu, c’était de pouvoir un matin guillotiner la guillotine.

Dans son séjour de janvier à Paris, Dumouriez vit le duc d’Orléans. Quels furent leurs arrangements, leurs projets ? On ne le sait, et l’on n’a aucun besoin de le savoir. Il suffit d’avoir prouvé que l’un et l’autre étaient perdus, qu’ils ne pouvaient se sauver que par cette voie très étroite, sans avoir la moindre échappée ni à droite ni à gauche.

Seulement, pour négocier, pour trahir, pour faire un roi, il fallait d’abord constater sa force. Il fallait imposer et à la coalition et à la France par quelque heureux coup. De là les tentatives hasardeuses, presque insensées, que Dumouriez risqua, d’abord d’enlever la Hollande, puis, l’ennemi lui venant derrière, de se retourner, de hasarder la bataille de Neerwinde.