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Leur fortune était justement la même… Ils avaient cela de commun qu’eux et lui étaient perdus s’ils ne faisaient quelque tentative audacieuse et désespérée.

Libre aux Orléanistes de nier l’évidence. Libre à Dumouriez de mentir dans ses Mémoires, écrits pour l’émigration, et de dire qu’il ne songeait qu’au rétablissement de la branche aînée.

Dumouriez avait trop d’esprit pour croire que les émigrés eussent jamais pardonné leur retraite de Valmy. Il voulait un roi, sans nul doute, mais non de la branche aînée.

Les Orléans se sentaient délaissés de la Montagne. Elle haïssait Égalité, qui lui nuisait par sa présence, donnait prise aux Girondins. Ce buste mort d’un Bourbon qu’elle voyait sur ses bancs, cette muette effigie qui n’avait desserré les dents que pour la mort de Louis XVI lui était odieuse, importune. Un pressentiment de haine disait aux loyaux Montagnards qu’il y avait là, contre la République, un en-cas royal, une royauté possible, et la pire, la royauté de l’argent.

« Dumouriez ne pensait pas au jeune duc d’Orléans. » Sans doute ; sans y penser, il s’arrangea, dans chacune de ses batailles, pour le faire valoir, lui donner le plus beau rôle.

« Il ne pensait point à la maison d’Orléans. » Et on le voit entouré de généraux orléanistes ; son bras droit était Valence, gendre de Mme de Genlis, quasi frère du jeune Orléans.