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à expier davantage, ne passaient à l’autre monde qu’à travers d’affreuses tortures. Les colonnes de Cathelineau, le 16 et le 17 mars, en poussaient deux devant elles en les lardant de coups de pique ; on ne sait combien d’heures (ou de jours) dura ce supplice.

Il fallut les plus grands efforts pour empêcher les paysans d’égorger indistinctement les prisonniers de Montaigu. Les nobles s’y employèrent avec beaucoup d’humanité et de courage. Pour les prisonniers de Cholet, il n’y eut aucun moyen de les sauver. Ils furent immolés, littéralement, en sacrifice, dans la semaine de Pâques, en partie le jeudi saint. Ce jour là, on en tua six, jeunes gens de Montpellier, qui tenaient des maisons de commerce à Cholet. On les lia un à un à l’arbre de la liberté, pour fusiller l’arbre avec eux.

Ces paysans, sans nul doute, étaient braves autant que fanatiques. Leur audace, la décision vigoureuse avec laquelle des masses si mal armées se jetèrent sur les canons, est chose acquise à l’histoire. C’est une glorieuse légende pour la France, et l’on n’y doit pas toucher. Ce n’est pas nous qui par de vaines chicanes essayerons de diminuer ce qui peut faire honneur à la valeur nationale. Il faut convenir toutefois que, depuis qu’on a publié dans les histoires militaires le chiffre exact des troupes qui furent opposées aux Vendéens, le miracle surprend moins. Il reste de quoi admirer, toutefois dans les limites du raisonnable et du possible.

Les hommes d’un vrai courage comme était Cathe-