Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 5.djvu/421

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ont été des saints, qu’à la longue seulement, forcés par les barbaries des républicains, ils ont exercé des vengeances et tiré des représailles. Qu’ils nous disent quelles représailles on avait à exercer sur les gens de Pontivy, lorsqu’au 12 ou 13 mars, les paysans, conduits par un curé réfractaire, martyrisèrent sur la place dix-sept gardes nationaux. Était-ce des représailles qu’on exerçait à Machecoul, pendant six semaines, sous l’autorité régulière du comité royaliste ? Un receveur clés gabelles, Souchu, qui le présidait, remplit et vida quatre fois les prisons de cette ville. La foule avait, on l’a vu, tué par jeu d’abord, dans sa brutalité joyeuse. Souchu mit ordre à cela ; il eut soin que les exécutions fussent longues et douloureuses. Comme bourreaux, il aimait surtout les enfants, parce que leurs mains maladroites faisaient plus longtemps souffrir. Des hommes très durs, marins, militaires, ne purent voir ces choses sans indignation et voulurent y mettre obstacle. Le comité royaliste fit alors ses coups de nuit ; on ne fusillait plus, on assommait, et l’on recouvrait à la hâte les mourants de terre.

Selon les rapports authentiques faits à la Convention, cinq cent quarante-deux personnes périrent en un mois, et de quelle mort !… Ne trouvant presque plus d’hommes à tuer, on allait passer aux femmes. Beaucoup étaient républicaines, peu dociles aux prêtres, qui leur en gardaient rancune. Un miracle affreux se fit. Il y avait dans une église la tombe de je ne sais quelle sainte en réputation. On la consulta.