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solide tête à cheveux noirs, un peu crépus ; beau nez, grande bouche et voix sonore ; une bonne taille ordinaire, pas plus de cinq pieds quatre pouces ; bien sur ses reins, carré d’épaules, et, en tout sens, carré, comme on dit populairement, c’est-à-dire réunissant les qualités diverses qui font la force de l’homme, plein de sens, très brave et d’un froid courage, parfaitement équilibré de prudence et d’audace.

Il était d’une famille de paysans ouvriers, fils de maçon, maçon lui-même. Marié et chargé d’enfants, il avait besoin de gagner. Nécessité l’ingénieuse lui faisait faire plus d’un métier. Ne maçonnant que par moments, il filait dans les intervalles, lui la laine, sa femme le lin. Il allait vendre tout cela aux marchés, spécialement à Beaupréau, où se trouvaient deux marchands de serge et autres étoffes, qui se joignirent à lui dans l’insurrection. Quiconque sait la vie de province comprendra parfaitement que Cathelineau et ses amis de Beaupréau ne pouvaient faire leurs affaires que par la faveur ecclésiastique ; rien sans les prêtres et les dévots, dans ces petites localités. Cathelineau était dévot et élevait dévotement ses enfants. Il parvint à devenir sacristain de sa paroisse. Un sacristain, marchand d’étoffes, vendait d’autant mieux ; il acheta une voiture, fut voiturier, messager, colporteur. Un tel homme, très discret, très sûr, ferme d’ailleurs et l’air ouvert, devait porter mieux que personne les messages secrets du clergé.