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qu’on lui a attribué, celui d’une guerre féodale et patriarcale d’un peuple qui se lève sous ses chefs de clans. Les chefs furent, comme on va voir, un voiturier sacristain, un perruquier, un domestique, un ancien soldat.

Les nobles refusaient encore de prendre part à l’insurrection, ou du moins de s’en faire chefs. Ils ne se décidèrent généralement qu’après Pâques, lorsqu’ils virent le paysan, les travaux de mars finis, reprendre les armes et persévérer dans l’insurrection.

Ce grand mouvement, tout populaire dans ses commencements, eut même, sur plusieurs points, le caractère d’une horrible fête, où des masses du peuple, ivres et joyeusement féroces, assouvirent leur vieille haine sur les messieurs des villes. Là, comme ailleurs, le paysan haïssait la ville à trois titres différents, comme autorité d’où venaient les lois, comme banque et industrie qui attirait son argent, enfin comme supériorité. L’ouvrier même des villes, par rapport aux masses ignorantes qui vivaient entre deux haies sans jamais parler qu’à leurs bœufs, c’était une aristocratie.

Tout cela est naturel. Est-ce à dire que dans la Vendée il n’y ait rien d’artificiel ?

Le pape, dès 1790, l’avait annoncée et prédite au roi. Le clergé d’Angers, en février 1792, dans sa lettre à Louis XVI, l’annonce encore, la déclare imminente. (Voir plus haut.)

La Vendée, éclate deux fois, on vient de le voir, au moment précis de l’invasion.