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rection, les hommes à double visage, le maire et le général, Pache et Santerre, coururent à la Convention faire acte de bons citoyens. Il était convenu entre eux qu’on présenterait toute l’affaire comme un complot royaliste ; qu’on sacrifierait, au besoin, les enfants perdus, Varlet, Fournier, etc. Santerre présenta ainsi la chose, dit qu’on n’avait pour but que de rétablir un roi, de faire roi Égalité, mais qu’il n’y avait rien à craindre. Il fit valoir avec jactance, comme chose qui lui faisait honneur, la sagesse du grand faubourg.

L’Assemblée, à qui Santerre débitait ces choses, n’était pas nombreuse. Elle était rentrée en séance à neuf heures du soir. Mais un grand nombre de députés n’avaient pas jugé à propos de revenir. On voyait ici et là de grands espaces déserts. On eût pu croire que déjà la faux de 1793 y avait passé. Tout était morne, sinistre. Le centre était mal garni, et de députés debout ; dans ces journées difficiles, il y avait des gens qui ne voulaient pas s’asseoir. Le plus significatif, c’était la profonde solitude de la droite. Elle témoignait assez que l’Assemblée, décimée d’avance, n’avait nulle sécurité. La Terreur, qui allait partir de la Convention, siégeait déjà au sein de la Convention elle-même.

Au point de la droite qu’occupait la Gironde, seul, ou presque seul, on voyait Vergniaud.

Il avait méprisé également les avertissements de Danton et ceux de Louvet. Soit que la sagacité supérieure de son grand esprit lui ait fait comprendre