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les avertir de maison en maison. La plupart, fort courageux (il y parut à leur mort), ne jugèrent pas utile de s’immoler le 10 mars, de favoriser par leur réunion les projets des assassins. Le Girondin Kervélégan alla au faubourg Saint-Marceau avertir ses braves et honnêtes compatriotes, les fédérés bretons, qui n’étaient pas encore partis de Paris ; le ministre de la guerre, Beurnonville, se mit à leur tête et fît avec eux des patrouilles. On ne rencontrait plus personne. La cohue s’était dispersée, à quoi n’avait pas peu contribué la pluie qui tombait. Un des Girondins avait bien jugé la situation, c’était Pétion ; au lieu de chercher ailleurs un asile, il ne daigna pas sortir de chez lui. Quand Louvet, fort échauffé, vint lui dire le péril et qu’il se mît en sûreté, Pétion, froid de sa nature, et qui en quelques années avait déjà vieilli dans l’expérience des révolutions, ouvrit seulement la fenêtre : « Il n’y aura rien, dit-il, il pleut. »

Deux ministres, des moins menacés, Garat et Lebrun, s’étaient chargés d’aller eux-mêmes à cette terrible Commune demander au maire Pache ce qui en était au vrai. Ils trouvèrent Pache absolument aussi calme qu’à l’ordinaire. On criait fort au conseil général ; il en était toujours ainsi. Pache leur dit que Varlet, Fournier, le Comité d’insurrection, avaient été mystifiés ; qu’après avoir longuement attendu à la Commune, parlé à Hébert qui les amusa, ils étaient sortis furieux, disant que cette Commune n’était qu’un repaire d’aristocrates.