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et poussèrent des cris de mort contre le ministre Beurnonville, dont la trahison avait causé, disaient-ils, tous les revers de l’armée.

La scène des Jacobins avait eu un témoin bien propre à recevoir et propager une vive impression de terreur. C’était la femme de Louvet, qui, demeurant près de là, avait entendu le bruit et s’était précipitamment glissée dans une tribune. Elle entendit la motion de massacre, et de suite, sans entendre Dubois-Crancé, sans connaître la tournure pacifique que l’affaire avait prise à la fin, elle courut avertir Louvet ; Louvet avertit tout le côté droit.

Il faut dire dans quel état se trouvait la Convention. La séance de ce jour (dimanche 10) au matin s’était ouverte par un éclat de la droite. Elle avait dénoncé le propos d’intimidation (Que les femmes ne viennent pas). Barère prêcha le courage et la dignité, n’ayant rien à craindre lui-même. Il dit de fortes paroles : « Que craindre pour les têtes des députés ? Est-ce qu’elles ne reposent pas sur l’existence de tous les citoyens ? Est-ce qu’elles ne sont pas posées sur chaque département de la République ! Qui donc oserait y toucher ?… Le jour de ce crime, Paris serait anéanti. » On passa à l’ordre du jour.

On lut les lettres de Dumouriez, et Robespierre, contre toute attente, dit que, sans répondre de ce général, il avait confiance en lui. Parole très politique, vraiment patriotique aussi ; le plus grand danger était d’ébranler la foi de l’armée dans l’homme qui avait en mains le salut public. Robespierre