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commençaient les difficultés pour vaincre les répugnances de la Convention, Danton crut qu’il fallait un supplément de terreur.

Il fit à l’Assemblée une proposition significative qui pouvait lui faire entendre qu’un massacre était possible, et que l’organisation rapide du tribunal pourrait l’éviter. On se rappelle qu’en septembre on sauva les prisonniers pour dettes en leur ouvrant les prisons. Danton, ce jour du 9 mars, fit la demande qu’on les élargît.

Et cela en éloignant toute idée d’intimidation, sous la forme noble et digne de la consécration d’un principe : « Consacrez, dit-il, ce principe que nul ne peut être privé de sa liberté que pour avoir forfait à la société. Plus de prisonniers pour dettes, plus de contrainte par corps… Abolissons la tyrannie de la richesse sur la misère… Que les propriétaires ne s’alarment point, ils n’ont rien à craindre… Respectez la misère, elle respectera l’opulence… » L’Assemblée comprit à merveille tout le sens et la portée de cette philosophie ; elle se leva avec empressement, et d’un mouvement unanime convertit en loi le vœu de Danton.

La bande dont on craignait les violences ne s’était pas portée aux prisons. Elle agit plus directement. Elle alla rue Tiquetonne, aux principales imprimeries girondines, chez Gorsas et chez Fiévée, brisa les presses, brûla le papier, dispersa les caractères. Gorsas, le pistolet à la main, traversa tous ces brigands, et trouvant la porte gardée, il passa par-