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de Paris. Les politiques, spécialement Danton, Pache et la Commune, virent très bien qu’avec ces moyens on risquait de rendre le mouvement tout aveugle, tout fortuit, de le détourner de son but. Ils ne repoussèrent pas les moyens de terreur, les employèrent et les continrent, arrachèrent de la Convention les mesures révolutionnaires qu’elle n’eût jamais accordées, et il n’en coûta pas une goutte de sang.

De bonne heure, le maire et le procureur de la Commune étaient à la Convention. Ils demandaient deux mesures, une de grâce, une de justice : « des secours pour les familles de ceux qui partaient, un tribunal révolutionnaire pour juger et contenir les traîtres, les mauvais citoyens. »

Les volontaires qui partaient et qui avaient obtenu de défiler dans la salle donnaient à cette demande son commentaire naturel : « Pères de la patrie, disaient-ils, nous vous laissons nos enfants. »

« Nous n’enverrons pas seulement à la frontière, leur dirent les représentants, nous irons nous-mêmes. » — Il fut résolu, sur la proposition de Carnot, qu’une partie considérable de l’Assemblée (quatre-vingt-deux membres) se transporterait aux armées.

Les députés qu’on avait chargés de visiter les sections exposèrent qu’elles insistaient pour la création du tribunal révolutionnaire. « Sans ce tribunal, disaient-elles, vous ne pourrez jamais vaincre la dureté des égoïstes qui ne veulent ni combattre ni aider ceux qui se battent pour eux. »