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Les hommes de la Commune, Hébert et Chaumette, n’étaient point d’avis qu’on versât le sang. On verra qu’ils éludèrent les instances de ceux qui voulaient une exécution.

Il y avait dans Paris une assemblée irrégulière de délégués des sections qui se tenait le plus souvent à l’Évéché[1]. Nous l’avons vue, dès octobre 1792, dès l’ouverture de la Convention, prendre la plus violente initiative. Nous avons vu aux Jacobins Couthon (c’est-à-dire Robespierre) essayer de neutraliser cette violence par l’autorité de la grande société. De temps à autre, il y eut, sous divers prétextes (surtout pour les subsistances), de nouvelles réunions à l’Évéché. Un foyer d’insurrection couvait toujours là. Les chefs étaient fort obscurs. En octobre, c’était l’Espagnol Gusman. En mars 1793, on ne voit aucun chef proprement dit. Les plus violents de l’Évéché se réunissaient souvent la nuit après l’heure des clubs et des sections, avec tels des Cordeliers, tels hommes de la Commune (par exemple Tallien), tels Jacobins (Collot d’Herbois). Le point de réunion était le café Corazza au Palais-Royal. Ces Cordeliers, ces Jacobins, grands aboyeurs, prédicateurs de sang, de meurtre et de ruine, n’étaient pas des hommes d’action. Ceux de l’Évéché, au moins trois ou quatre,

  1. Aucun dépôt public, à ma connaissance, n’a conservé les procès-verbaux du comité central de l’Évéché et de la section de la Cité. Ceux de la section, divisés entre les Archives nationales et celles de la Police, présentent une vaste lacune, précisément pour l’époque la plus importante. Perte regrettable qui laisse beaucoup d’obscurité sur ce moment si curieux de la Révolution.