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approuvait les décrets relatifs au clergé, la guerre civile commencerait. Dans cette lettre insolente, il disait doucereusement, mêlant le fiel et le miel : « Nous avons employé jusqu’ici tout notre zèle à empêcher que par nous il n’éclatât un mouvement » ; faisant entendre que ce mouvement pouvait éclater de lui-même. En quoi il mentait. Le mouvement n’était alors nullement préparé. Le paysan était loin encore de s’entendre avec la noblesse dans une guerre religieuse. Il y fallait du temps, un art infini du clergé, secondé du zèle aveugle des femmes. Le paysan était ému ; mais lui faire prendre les armes, c’était une œuvre laborieuse de ruse et de calomnie.

Les lettres du pape que nous avons sous les yeux indiquent peu de conviction. En 1790, les décrets du clergé lui semblent simplement schismatiques ; il n’ose encore dire que le fond de la religion y soit intéressé. En 1791, les mêmes décrets sont devenus hérétiques ; le pape les qualifie tels ; le progrès de la colère les a fait changer de nature.

La guerre tardait trop, au gré du père des fidèles ; il attendait, réclamait l’effusion du sang. Dans ce but, il envoie au jeune empereur François II le vénérable abbé Maury. Il le prie, le sollicite de tirer l’épée. Le 8 août 1792, il le remercie de ce qu’enfin il va ouvrir la campagne.

Celle du pape était ouverte dès longtemps dans nos provinces d’Ouest. Il guerroyait à sa manière par la diffusion des lettres et des bulles qu’il adressait