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mière maison de Rome, celle qui était comme le centre de la société italienne et étrangère, le palais du cardinal Bernis. Bernis, vieux serviteur de l’Autriche autant que de la France, était le lien naturel entre Rome et Vienne. Il gouvernait absolument le pape, avec le cardinal Zelada. Bernis, vaniteux et léger, ne se cachait nullement de tenir le pape à la lisière. « C’est un enfant de bonne nature, disait-il, mais vif, et qu’il faut surveiller ; autrement il pourrait bien se jeter par la fenêtre. »

Les Girondins, qui régnaient le lendemain du 10 août, résolurent de frapper deux coups, sur Rome et sur Naples.

Ordre à l’amiral de Latouche de se rendre dans les eaux de Naples, de forcer le port, d’obliger le gouvernement à recevoir un ministre français. Un autre agent devait aller s’établir à Rome, de sorte que l’Italie n’entendît pas seulement parler de la République, mais qu’elle la vît et la sentît présente dans ses couleurs nationales, ses nouvelles armoiries, son drapeau vainqueur… À elle d’agir ensuite, et de briser les tyrans.

Agression dix fois méritée. Nous ne pouvions faire un pas sans rencontrer par toute l’Europe l’intrigue romaine et sicilienne. Nous envoyons un ministre à Gênes ; il y trouve l’influence de Naples et n’y peut rester. Nous l’envoyons à Constantinople ; les agents de Naples y sont avant nous (Naples, disons mieux l’Angleterre, reine de Naples. par Acton et par Emma).