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Ah ! nous embrassons de tout notre cœur cette grande et chère espérance ! Que la misère ici-bas, si elle doit poursuivre l’homme, soit abolie pour l’enfant ! Si nous devons être misérables, nous l’endurerons peut-être. Mais que ceux-ci, qui n’ont fait nulle faute que de naître, soient protégés, garantis. C’est là, ou nulle part, que la Patrie doit paraître, la Matrie, disaient les Grecs, et par ce mot ils semblaient désigner aux législateurs à venir le rôle suprême de la loi ; si c’est parfois de punir l’homme, c’est toujours de protéger l’enfance, de rendre l’enfant heureux pour faire un homme meilleur.

Dans les croyances barbares qui calomnient la nature, qui supposent l’enfant coupable en naissant du péché qu’il n’a pas fait, on doit se résigner plus aisément à le voir souffrir ; il a besoin d’expier. Si l’on admet cette énormité théorique de croire qu’une créature si visiblement innocente est née criminelle, on admettra aussi cette barbarie pratique de la voir, dès la naissance, fatalement malheureuse, subir et la faim et les coups. L’éducation, au Moyen-âge, s’appelle castoiement, châtiment. Elle châtie qui n’a rien fait ; c’est la nature qu’elle châtie, c’est l’œuvre de Dieu, c’est Dieu, en sa plus touchante création. Entendez-vous les coups, les cris, les pleurs de ces pauvres innocents ?… C’est l’école, l’enfer d’ici-bas !

Trois fois bénie soit la cendre de l’homme vraiment honnête et bon qui, par l’excellence du cœur, vit plus que les politiques, qui mit l’heureuse délivrance, le grand bienfait de la Révolution surtout en