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Et ce que je dis de Paris retourne à la France, après tout. Qu’est-ce que Paris, sinon une petite France résumée, un mariage de toutes nos provinces ? Rien de plus sot que la haine de tels provinciaux pour Paris ; ce qu’ils haïssent, c’est eux-mêmes. Qu’ils prennent au hasard, dans la rue, un de ces Parisiens détestés : c’est un homme de leur pays, Normand, Dauphinois, Provençal. Il n’y a pas un tiers de Parisiens de race. Le reste, s’il n’est de la province, est fils, petit-fils de provinciaux.

En 1789, Paris vient de prendre la Bastille ; il organise la force armée de la Révolution, la garde nationale ; il en donne le modèle pour le costume et l’armement, uniformité si importante alors et tellement significative ! Toutes les grandes fédérations provinciales se rattachent à lui ; rien ne lui est étranger en France. Telle municipalité d’Auvergne lui demande de la poudre et il en envoie. D’autre part, il veut, il croit juste que tous les voisins approvisionnent de leurs denrées la grande ville qui combat pour eux et qui est l’armée de la liberté. Les Parisiens vont, l’épée à la main, acheter en Normandie le blé royaliste, qui ne voulait plus venir.

Quelle sera l’organisation de Paris ? C’est alors une question décisive pour la France. Le royaliste Bailly veut que la mairie soit forte et le maire puissant ; le républicain Brissot propose et fait prévaloir un plan qui annule cette royauté municipale.