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conviction qu’il est un saint ! pervertissant ainsi sa raison et le rendant peut-être plus coupable à la mort qu’il ne l’a été dans la vie.

Un résultat, très funeste s’accomplit sur l’échafaud, par la mort de ce faux martyr : le mariage de deux mensonges. La vieille Église déchue et la vieille Royauté abandonnée dès longtemps de l’esprit de Dieu finirent là leur longue lutte, s’accordèrent, se réconcilièrent dans la Passion d’un roi.

Elles partaient, ombres vaines, au royaume du néant. Et la réalité du sang leur rend un corps, une vie. Que dis-je ? Voilà qu’elles engendrent ! voilà un monde qui pullule de leur accouplement maudit, un monde d’erreurs et de sottise, un monde de fausse poésie, une race de sophistes impies, pour mordre le sein de la France.

Quels qu’aient été ces résultats du jugement de Louis XVI, il n’en doit pas moins être l’objet d’un respect profond, éternel. De tels actes s’estiment moins par leurs fruits que par la pensée courageuse, par l’esprit de dévouement qui les a dictés. Ils savaient trop ceux qui jugèrent, tout ce qu’il leur en coûterait dans l’avenir. Ils savaient qu’en frappant le roi, ils se frappaient eux-mêmes. Et ils se sont dévoués. Tel en eut le cœur arraché et put dire comme Carnot : « Nul devoir ne m’a tant coûté. »

Ils s’arrachèrent le cœur pourtant et passèrent outre… Pourquoi ? (Méditez-le, amis de l’ennemi…) Ils pensèrent que, si, retenus par les circonstances