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cité, amère pour les consciences. Un homme demandait qu’on lui livrât le corps de Louis XVI « pour l’inhumer auprès de son père ». La lettre était intrépidement signée de son nom.

Une extrême agitation se voyait sur la Montagne. Elle éclata par le récit de la mort de Lepelletier. Ce récit, fait par Thuriot, n’était pas fini que Duquesnoy (un moine défroqué, fixe à l’état de fureur) commença à rejeter l’événement sur la Gironde : « Ne sont-ce pas eux, dit-il, qui, il n’y a pas un mois, nous injuriaient, nous menaçaient… jusqu’à tirer l’épée sur moi ?… » Le coup ne fut pas manqué. La Montagne exigea le renouvellement du comité de sûreté générale, où la Gironde avait la majorité. On leur ôtait cette force au moment où elle allait leur être le plus nécessaire pour leur propre sûreté.

Une grêle d’accusations tombe en même temps de la Montagne. Toute la droite, pêle-mêle, est successivement dénoncée. Robespierre, tout en pleurant Lepelletier et recommandant l’union, porte un nouveau coup : il demande que le nouveau comité de sûreté commence l’examen de la conduite de Roland. La Convention, docile, frappe Roland en supprimant le bureau des journaux dans son ministère.

Pétion, né gauche et maladroit entre tous, eut l’imprudence d’aller se mêler à la bagarre ; il monta à la tribune et gémit de la défiance qui régnait dans l’Assemblée.

Vingt accusations fondent sur lui à l’instant :