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les fait ou les domine, c’est qu’il est roi absolu. Louis XVI mourait ainsi, dans l’impénitence, emportant la pensée coupable qui condamne la royauté : l’appropriation d’un peuple à un homme. — Ce fut aussi, nous le pensons, une chose très funeste à sa conscience, très propre à le confirmer dans les pensées d’un orgueil plus que royal, d’une étrange déification de lui-même, que l’empressement de ceux qui l’entouraient à lui demander des reliques, « Ses dépouilles, dit Cléry, étaient déjà sacrées, même aux yeux de ses gardiens. » À l’un il donnait sa cravate, à l’autre ses gants. Quelle devait être sur lui-même l’opinion d’un homme qui voyait devenir précieuses les moindres bagatelles qui lui avaient appartenu, tout ce qu’il avait touché ? Fort éloignée certainement de l’humilité chrétienne. Il n’y eut guère jamais pour un mourant une pire tentation.

La Convention lui ayant permis de choisir un prêtre, il désigna le directeur de Madame Élisabeth, un Irlandais, élève des Jésuites de Toulouse, l’abbé Edgeworth de Firmont. Ce prêtre appartenait à l’Église non assermentée qui avait perdu le roi, et qui, jusqu’en juin 1792, avait cruellement persécuté les prêtres ralliés à la Révolution. Elle existait sous la terre cette Église, terrifiée, mais vivante, prête à persécuter encore, comme elle a fait dès qu’elle a reparu[1]. Elle avait le cœur de Louis XVI, et son

  1. À quoi s’occupaient-ils la veille du coup qui les terrassa, eux et leur roi, en 1792 ? À persécuter les prêtres qui suivaient la loi et la nature, voulaient