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enlever le roi, Pâris, enragé de l’impuissance du parti, voulait tout au moins se laver lui-même de l’inaction des royalistes ; le plus beau eût été de tuer le duc d’Orléans : il rôdait tout autour, ne quittait pas le Palais-Royal. Le 20, mené par un ami, il descend dans une de ces boutiques souterraines, chez le traiteur Février. Il y voit Saint-Fargeau. Celui-ci avait dîné là, selon toute apparence, pour recueillir les bruits, savoir ce qu’on disait du vote. Il payait au comptoir. On le nomme. Pâris approche : « Êtes-vous Saint-Fargeau ? — Oui, Monsieur. — Mais vous m’avez l’air d’un homme de bien… Vous n’aurez pas voté la mort ?… — Je l’ai votée, Monsieur, ma conscience le voulait ainsi… — Voilà ta récompense… » Il tire un coutelas, lui traverse le cœur. Pâris se déroba. Mais telle était sa fureur, son audace, que le soir il se promenait encore au Palais-Royal, cherchant le duc d’Orléans. Atteint en Normandie, il se fit sauter la cervelle.

Ce tragique événement pouvait avoir des résultats très différents qu’on ne pouvait prévoir. Ferait-il passer la terreur des royalistes aux Jacobins ? On aurait pu le craindre. Ces derniers se montrèrent d’une fermeté admirable. Ils prirent en main, on peut le dire, la chose publique. Sur la proposition de Thuriot, ils se mirent en permanence, toute la nuit, fermèrent leur porte, empêchèrent de sortir personne, de façon qu’on ne pût révéler leurs délibérations, leurs décisions, avant qu’elles fussent arrêtées et complètes. Les dantonistes, patriotique-