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La séance fut levée à trois heures du matin, le dimanche 20 janvier. Le même jour, un de ceux qui avaient voté la mort fut assassiné par un garde du roi.

La victime, Lepelletier Saint-Fargeau, était spécialement haï des royalistes comme transfuge, comme traître. Orléans et lui, c’étaient leurs Judas ; Lepelletier et sa famille étaient des créatures du roi, de ces familles de robe que la royauté avait comblées, accablées de biens, qu’elle croyait avoir acquises, les gens du roi, c’était tout dire. Lepelletier avait six cent mille livres de rentes. Il fut fidèle au roi à sa manière. Membre de la Noblesse aux États-généraux, il s’opposa seul, ou presque seul, à la réunion de la Noblesse au Tiers. À la prise de la Bastille, la royauté passant au peuple, il y passa aussi, servit le nouveau roi tout comme il avait servi l’autre. Ces familles ont toujours été servantes du pouvoir et des faits accomplis. Nulle hypocrisie en ceci. Lepelletier était sincère ; c’était un homme doux, bon et généreux, d’un génie médiocre, agrandi par moments d’un véritable amour de l’humanité. Dans son essai d’un Code criminel, il se déclare contre la peine de mort. Son plan d’éducation dont nous parlerons, et qu’on a trop souvent défiguré, est plein de choses excellentes et pratiques. Il s’était subordonné à Robespierre, le suivait docilement, présidait souvent les Jacobins à sa place. C’était un des hommes par lesquels Robespierre agissait ; il lui fit faire une brochure contre l’appel