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et par suite la Convention. Il se vit, lui Danton, avec sa force et son génie, asservi à la médiocrité inquisitoriale et scolastique de la société jacobine, condamné à perpétuité à subir Robespierre comme maître, docteur et pédagogue, à porter l’insupportable poids de sa lente mâchoire, jusqu’à ce qu’il en fût dévoré.

Pensée atroce, humiliante ! exorbitante fatalité !… Elle tint Danton accablé, tout ce jour du 15 janvier, près de sa femme mourante, assis sur son foyer brisé.

Et cependant le grand cours de la fatalité allait tout de même. Danton de plus, Danton de moins, elle cheminait invincible. Coupable à l’unanimité (moins trente-sept qui se récusèrent), tel fut le premier vote de ce jour ; il était prévu. Ce qu’on prévoyait moins, c’était le second : Le jugement ne sera pas soumis à la ratification du peuple. Quatre cents voix environ, contre un peu moins de trois cents, le voulurent ainsi. Ici encore la droite apparut brisée : les uns, comme Condorcet, Ducos, Fonfrède, etc., s’étant prononcés contre la ratification que demandait la Gironde.

Le 16, Danton retrouva ses forces dans la fureur ; il revint tonnant, terrible, déterminé, à reprendre, de haute lutte, par la mort de Louis XVI, et, s’il le fallait, de la Gironde, l’avant-garde de la Révolution. N’était-il pas encore le plus fort à la Commune ? Qu’étaient les gens de la Commune ? Jacobins ? Non, Cordeliers, pour la plupart, trop heureux de suivre Danton, s’il redevenait le Danton des ven-