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exaspéré, où les meilleurs patriotes avaient, l’année précédente, subi la torture, il y eut quelques vengeances, mais point d’échafaud.

Danton revint à regret, pour retrouver à Paris le terrible nœud qu’il avait laissé. L’armée ne voulait pas la mort, la France ne la voulait pas ; une imperceptible minorité la voulait ; et cependant les choses étaient tellement avancées, la question placée dans un point si hasardeux, qu’à sauver Louis XVI on risquait la République.

Mais ne la risquait-on pas, d’autre part, si on le tuait ? On pouvait le croire aussi. De grandes choses couvaient dans l’Ouest. L’ami de Danton, Latouche, qui était alors à Londres pour épier les royalistes, lui donnait sur le travail souterrain de la Bretagne et de la Vendée de terribles appréhensions.

Un péril était à craindre, un péril unique. Le génie de la Révolution ne pouvait rien redouter sur la terre ni sous la terre, hors une chose… Quelle ? Lui-même sous, son autre face, lui-même retourné contre lui, dans sa contrefaçon effroyable : la Révolution fanatique.

Qu’arriverait-il, si, dans cette France malade, éclatait l’horrible épidémie, contagieuse entre toutes,

    ne veniez-vous tout de suite trouver le septembriseur ?… » Il donna le passeport.
    xxxxCarat dit dans ses Mémoires : « Danton eût sauvé tout le monde, même Robespierre. » — M. Fabas, dans un très bel article (un peu sévère sur Danton) qu’il a placé dans l’Encyclopédie nouvelle de Leroux et Reynaud, fait cette réflexion juste et profonde : « Ce qui diminua sa force révolutionnaire, c’est qu’il ne put jamais croire que ses adversaires fussent coupables. »