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À cette heure sombre, où l’on pouvait croire que le navire enfonçait, Danton, rappelé par décret, comme les autres représentants en mission, arrivait de la Belgique. Il put juger combien un homme politique perd à s’éloigner un moment de l’arène du combat. Paris, la Convention, étaient changés, à ne pas les reconnaître.

Un changement très grave qui put le frapper d’abord, c’est que ses amis personnels, Camille Desmoulins, Fabre d’Églantine, suivaient désormais à l’aveugle le torrent des Jacobins et votaient sous Robespierre. Robespierre et les Jacobins donnant la main aux exaltés, les dantonistes suivaient.

Il put voir encore sur un autre signe tout le chemin qui s’était fait. Les Jacobins avaient eu toujours pour présidents des hommes d’un poids considérable et qui avaient fait leurs preuves, Pétion, Danton, Robespierre. Maintenant c’était Saint-Just. Était-ce l’homme de vingt-quatre ans, estimé pour deux discours, qu’ils avaient pris pour président ? Non, c’était la hache ou le glaive. Ce choix n’avait pas d’autre sens.

La société, vouée jadis à la discussion des principes, ne visait qu’à l’exécution. L’affaire des fédérés était tout pour elle, Robespierre l’avoua le 20 janvier ; elle s’était faite uniquement embaucheur et recruteur.

Danton apportait des pensées absolument différentes, celles de l’armée elle-même.

Cette grande question de mort que les politiques