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irrégulière, composée d’hommes inconnus et étrangers à la population de Paris ! Nulle situation plus sinistre.

Le 8 janvier, une section infiniment plus violente que celles du Faubourg-Saint-Antoine, la section des Gravilliers, provoque la formation à l’Évêché d’un comité de surveillance qui aidera celui de la Convention, recevra les dénonciations, arrêtera les dénoncés, les lui enverra. Le 14, cette section veut qu’on forme un jury pour juger les membres de la Convention qui voteront l’appel au peuple.

Le même jour, sur l’invitation de la section des Arcis, une réunion armée se fait dans une église, composée en partie de fédérés qui s’intitulent fièrement Assemblée fédérative des départements, en partie de sectionnaires, spécialement des Cordeliers ; au milieu d’eux se trouvent les députés de la Commune. Et pourquoi cette prise d’armes ? Sous le prétexte étrange et vague de jurer la défense de la République, la mort des tyrans.

La bataille semblait imminente. Le ministre de l’intérieur écrit à la Convention qu’il ne peut rien et ne fera rien. « Eh bien, s’écrient Gensonné, Barbaroux, que l’Assemblée elle-même prenne la police de Paris. » Mais la Convention refuse ; si elle craint l’insurrection, elle craint aussi la Gironde, elle ne veut pas lui donner force. Elle décrète… encore des paroles, elle demande compte au ministre… Que lui dira-t-il, le ministre, lui qui déjà, le matin, dans sa triste jérémiade, a déploré son impuissance ?