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si le numéraire est rare, si nos armées sont mal approvisionnées, la cause en est au Temple ; si nous avons à souffrir chaque jour du spectacle du désordre et de la misère publics, la cause en est au Temple ! » Ceux qui tiennent ce langage savent bien cependant que la cherté du pain, le défaut de circulation des subsistances, la disparition de l’argent, la dilapidation dans les ressources de nos armées, la nudité du peuple et de nos soldats, tiennent à d’autres causes ; et quels sont donc leurs projets ? Qui me garantira que ces mêmes hommes ne crieront pas, après la mort de Louis, avec une violence plus grande encore : « Si le pain est cher, si le numéraire est rare, si nos armées sont mal approvisionnées, si les calamités de la guerre se sont accrues par la déclaration de guerre de l’Angleterre et de l’Espagne, la cause en est dans la Convention, qui a provoqué ces mesures par la condamnation précipitée de Louis XVI ? » Qui me garantira que, dans cette nouvelle tempête, où l’on verra ressortir de leurs repaires les tueurs de septembre, on ne vous présentera pas, tout couvert de sang, ce défenseur, ce chef qu’on dit être devenu si nécessaire ?… Un chef ! Ah ! si telle était leur audace, ils ne paraîtraient que pour être percés à l’instant de mille coups… Mais à quelles horreurs ne serait pas livré Paris ! Qui pourrait habiter une cité où régneraient la désolation et la mort !… Et vous, citoyens industrieux, dont le travail fait toute la richesse