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d’anciens serviteurs dévoués. Dans les pays isolés, misérables, comme la principauté de Dombes, comme le duché de Penthièvre, c’était une force trois fois forte, féodalité, royauté, l’incroyable ascendant de l’argent dans les pays pauvres.

Le duc, par une telle fortune, était suffisamment roi et n’avait aucun intérêt à l’être davantage. Rien n’indique qu’il y ait songé sérieusement. Il s’était jeté dans la Révolution par légèreté, par conseils de femmes et pour se venger des plaisanteries de la reine. Sa vengeance fat satisfaite, le 6 octobre, quand, de sa terrasse de Passy, il la vit venir de Versailles, traîner dans la boue, captive, au milieu de ce carnaval effroyable d’hommes ivres et de têtes coupées.

Cela le refroidit bien fort et lui calma sa velléité d’être lieutenant général du royaume ; sa correspondance avec le roi est d’un homme qui voudrait à tout prix se réconcilier ; il a peur de la Révolution, il écrit au roi à plat ventre. Il fit une démarche expresse aux Tuileries pour avoir sa grâce. Le roi lui parla sèchement, la reine lui tourna le dos ; un homme à elle, Goguelat (le Goguelat de Varennes), enhardi par l’insolence de tous ceux qui étaient là, cracha sur lui dans l’escalier.

Il resta fort embarrassé. Sa tentative de se faire donner par la Constituante la dot d’une fille du Régent (voir tome II, livre IX, ch. IV), trait d’avarice incroyable ! l’avait coulé à fond dans l’opinion publique. Il se cacha à la Montagne et prit nom