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diaire, du peuple ? C’était une question dangereuse à soulever, effroyable pour les conséquences, qui peut-être contenait dix ans d’anarchie.

La Gironde, par l’organe de Guadet, eut l’insigne imprudence d’appuyer une adresse des Bouches-du-Rhône qui invoquait contre Marat le principe jacobin de la révocabilité des députés. Guadet demanda, la Convention vota par acclamation : « Que les assemblées primaires se réuniraient pour prononcer sur le rappel des membres qui auraient trahi la patrie. »

Il se trouva heureusement quelques hommes de bon sens, de divers partis, pour écarter le danger. Manuel, Barère, Prieur, montrèrent à la Convention le gouffre qu’elle ouvrait sous ses pas. Prieur dit qu’en ce moment l’appel aux assemblées primaires ne serait qu’un appel aux influences aristocratiques, qu’au moment d’un jugement, l’Assemblée se tuait elle-même, si elle proclamait son autorité incertaine et provisoire. Guadet demanda lui-même l’ajournement de sa proposition, et la Convention révoqua son décret.

Entre ces deux journées du 4 et du 9, où les deux partis donnèrent l’étrange spectacle de changer de rôle, l’un se chargeant de soutenir la thèse que l’autre abandonnait, la Convention eut, le 7, un misérable intermède où l’on vit l’excès de crédulité où la passion furieuse peut faire descendre les hommes.

Un intrigant, nommé Viard, avait amusé Fauchet et le ministre Lebrun des intelligences qu’il avait,