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pable et désirèrent dès lors la tête de Louis XVI.

La Montagne, d’autre part, montra une passion si furieuse et si acharnée qu’elle excita pour lui un intérêt extraordinaire. Ce fut elle, en réalité, qui blanchit le roi ; on fut tenté de croire qu’un homme si cruellement poursuivi était innocent : telle est la disposition plus généreuse que logique du cœur. La Montagne vint à bout de la Gironde, l’écrasa et l’avilit. Mais elle releva Louis XVI, le glorifia, lui mit l’auréole au front. Elle gagna la partie dans la Convention, et elle la perdit par-devant le genre humain.

Mais le coup le plus grave, le plus cruel, qui pût être porté à la Révolution, ce fut certainement l’ineptie de ceux qui tinrent constamment Louis XVI en évidence, sous les yeux de la population et en rapport avec elle, qui le laissèrent voir à tous, comme homme et comme prisonnier, qui dévoilèrent ce qu’il avait d’intéressant, son foyer, qui le montrèrent au milieu de sa belle famille, prisonnière comme lui, qui n’oublièrent rien, ce semble, pour soulever la pitié, arracher les larmes.

Donnez-moi un prisonnier, le moins intéressant des hommes, fût-il très coupable et de ces crimes qui éteignent la pitié, avec le régime que la Commune établit au Temple, je vais vous faire pleurer tous.

Chaque jour, la Commune envoyait de nouveaux municipaux au Temple. Chaque jour, toutes les vingt-quatre heures, un nouveau détachement de