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politique, dont le premier point était que les fonds de terre ne bougeraient plus, ne pourraient plus être représentés, ne seraient plus des objets de commerce. C’était le principe immobile de certaines législations antiques, adopté par nos philosophes, c’étaient Lycurgue et Mably. Tout cela dit avec une remarquable autorité, une gravité peu commune, un style sentencieux, impérieux, d’allure brusque et forte, des effets à la Montesquieu. De temps à autre, parmi les utopies, des choses de bon sens pratique, qui témoignaient que le jeune homme avait vécu à la campagne et avait bien vu. Il s’inquiétait par exemple des défrichements immenses, de la diminution des bois, des pâturages et des troupeaux. Mais, sur la cause réelle de la cherté des subsistances, il se trompait en accusant l’assignat et la difficulté que faisait le paysan de recevoir du papier. Ce papier était fort recevable alors et bien reçu en effet ; il ne perdait pas beaucoup dans le commerce ; et l’on pouvait le rendre sans perte à l’État, soit comme payement de l’impôt, soit en achetant des biens nationaux. La cherté venait des obstacles que les communes mettaient à la circulation des grains, et de l’avarice des paysans, qui voulaient toujours attendre, croyaient, demain, après-demain, vendre encore plus cher, avoir, comme ils disaient eux-mêmes, « tout un champ pour un sac de blé ».

Quel remède économique proposait Saint-Just aux embarras de l’époque ? Le vieux remède de Vau-