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fois sur les seules associations qui existassent en France, chef actuel de la société jacobine et patron en espérance de la société ecclésiastique, toujours si forte en dessous.

Ce rôle n’était pas sans péril. Robespierre, en attaquant le projet de Cambon, montra une extrême prudence ; il ne parla pas, il écrivit. Dans une Lettre à ses commettants, il allégua contre le projet des raisons purement politiques, rappelant que les anciens législateurs avaient ménagé les préjugés de leurs concitoyens, et conseillant « d’attendre le moment où les bases sacrées de la moralité publique pourraient être remplacées par les lois, les mœurs et les lumières ». Il semblait, au reste, se fier peu à la foi du peuple, à son zèle pour l’ancien culte ; il ne faisait pas difficulté d’avouer que : Ne plus payer ce culte ou le laisser périr, c’était à peu près la même chose. »

Vers la fin de cette lettre, il jetait, comme en passant, une attaque très directe, très personnelle contre Cambon. Si l’on veut des économies, disait-il, il y en aurait d’autres à faire. « Ce seraient celles qui rendraient impossibles les déprédations du gouvernement ; celles qui ne laisseraient point à un seul l’administration presque arbitraire des domaines immenses de la nation, avec une dictature aussi ridicule que monstrueuse. »

Le mot administration et le mot domaines étaient très perfides ; jamais Cambon n’avait voulu rien administrer, jamais il n’avait eu entre les mains