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un changement si favorable. Le nouveau propriétaire, joyeux de son acquisition, était encore trop heureux de posséder une terre, dût-elle supporter plus d’impôts.

Quant aux prêtres, le rude Cambon avait pris nettement son parti. Il croyait, non sans raison, que les prêtres, même assermentés, étaient toujours prêtres. On a vu en effet la facilité avec laquelle cette Église, qu’on eût crue révolutionnaire, s’est remise sur le joug du pape. De ce grand corps du clergé, les trois quarts étaient l’ennemi de la Révolution et son capital obstacle ; l’autre quart, sans autorité morale et sans force, était un dangereux appui, où la Révolution n’essayerait pas un moment de s’appuyer sans risquer une lourde chute.

Cambon, qui avait vécu longtemps à la porte de la Vendée, croyait que cette question de salaire ne ferait rien dans la crise, n’empêcherait rien. Danton était d’avis contraire. Il craignait que cette économie ne devînt le prétexte de l’éruption.

Pour Robespierre, cette affaire devenait un texte excellent. On a vu que, pendant la Constituante, il avait été constamment le défenseur officieux des prêtres. C’était un des points les moins variables de sa politique ; il y resta fidèle en pleine Terreur ; c’est pour eux, en grande partie, pour le maintien de l’ancien culte, qu’il frappa Hébert et Chaumette. Les prêtres lui surent un gré infini de ce sacrifice, et jusqu’au dernier moment espérèrent en lui. Forte base pour un politique de se voir assis à la